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Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/299

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dénouement.

un traître, gagné à la cause des oppresseurs. Oui ! c’était Nicolas Starkos qui commandait cette flottille, dont les épouvantables excès avaient épouvanté ces mers ! C’était lui qui joignait à cet infâme métier de pirate un commerce plus infâme encore ! C’était lui qui vendait à des barbares, à des infidèles, ses compatriotes échappés à l’égorgement des Turcs ! Lui, Sacratif ! Et ce nom de guerre, ou plutôt ce nom de piraterie, c’était le nom du fils d’Andronika Starkos !

Sacratif — il faut l’appeler ainsi maintenant — Sacratif, depuis bien des années, avait établi le centre de ses opérations dans l’île de Scarpanto. Là, au fond des criques inconnues de la côte orientale, on eût trouvé les principales stations de sa flottille. Là, des compagnons, sans foi ni loi, qui lui obéissaient aveuglément, auxquels il pouvait tout demander en fait de violence et d’audace, formaient les équipages d’une vingtaine de bâtiments, dont le commandement lui appartenait sans conteste.

Après son départ de Corfou à bord de la Karysta, Sacratif avait directement fait voile pour Scarpanto. Son dessein était de reprendre ses campagnes dans l’Archipel, avec l’espoir de rencontrer la corvette, qu’il avait vue appareiller pour prendre la mer et dont il connaissait la destination. Cependant, tout