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L’ARCHIPEL EN FEU.

— Oui !… Oui !

— Mais parle donc !… répétait-elle. Parle donc, mon bon Xaris !… Qu’y a-t-il ?

— Turcs… aujourd’hui… battus… à Navarin ! »

C’est ainsi qu’Henry d’Albaret et Hadjine apprirent la nouvelle de la bataille navale du 20 octobre.

Le banquier Elizundo venait d’entrer dans la salle, au bruit de cet envahissement de Xaris. Lorsqu’il sut ce dont il s’agissait, ses lèvres se serrèrent involontairement, son front se contracta, mais il ne témoigna ni satisfaction ni déplaisir, tandis que les deux jeunes gens laissaient franchement déborder leur cœur.

La nouvelle de la bataille de Navarin venait, en effet, d’arriver à Corfou. À peine se fut-elle répandue dans toute la ville qu’on en connut presque aussitôt les détails, apportés télégraphiquement par les appareils aériens de la côte albanaise.

Les escadres anglaise et française, auxquelles s’était réunie l’escadre russe, comprenant vingt-sept vaisseaux et douze cent soixante-seize canons, avaient attaqué la flotte ottomane en forçant les passes de la rade de Navarin. Bien que les Turcs fussent supérieurs en nombre, puisqu’ils comptaient soixante vaisseaux de toute grandeur, armés de dix-neuf cent quatre-vingt-quatorze canons, ils venaient d’être