Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

84
l’archipel en feu.

— On ne le verra pas ?

— Si.

— Quand cela ?

— Quand il faudra qu’on le voie !

— Mais où est-il ?

— Où il doit être ! »

Il fallut se contenter de cette réponse, qui n’apprenait rien. En ce moment, d’ailleurs, le sifflet du maître d’équipage appela tout le monde en haut pour raidir les écoutes. Aussi, la conversation du gaillard d’avant fut-elle coupée net en cet endroit. En effet, il s’agissait de serrer un peu plus le vent, afin de ranger, à la distance d’un mille, la côte messénienne. Vers midi, la Karysta passait en vue de Modon. Là n’était point sa destination. Elle n’alla donc pas relâcher à cette petite ville, élevée sur les ruines de l’ancienne Méthone, au bout d’un promontoire qui projette sa pointe rocheuse vers l’île de Sapienza. Bientôt, derrière un retour de falaises, se perdit le phare qui se dresse à l’entrée du port.

Un signal, cependant, avait été fait à bord de la sacolève. Une flamme noire, écartelée d’un croissant rouge, était montée à l’extrémité de la grande antenne. Mais, de terre, on n’y répondit point. Aussi, la route fut-elle continuée dans la direction du nord.

Le soir, la Karysta arrivait à l’entrée de la rade de