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l’invasion de la mer

pût être prévenu à temps, ou changement de direction décidé à la dernière heure ?

M. de Schaller demeurait songeur, lorsque le capitaine Hardigan l’interrogea :

« Est-ce que les travaux de cette section n’étaient point achevés ?

— Mais si, répondit M. de Schaller, et, d’après les rapports connus, le creusement des seuils entre les parties inondables a dû être poussé, avec la pente nécessaire, jusqu’au Melrir dont l’ensemble est au-dessous du niveau de la mer…

— Pourquoi vous étonner que des ouvriers ne soient pas là ?…

— Parce que le conducteur des travaux devait avoir envoyé, depuis quelques jours déjà, plusieurs de ses hommes au-devant de moi, et que, en réfléchissant, je ne vois aucune raison pour qu’ils aient été retardés à Biskra ou au Melrir.

— Alors, comment expliquez-vous cette absence ?…

— Je ne me l’explique pas, avoua l’ingénieur, à moins que quelque incident ne les ait maintenus au chantier principal qui se trouve à l’autre extrémité du canal…

— Eh bien, nous serons fixés bientôt, fit le capitaine Hardigan.

— N’importe, vous me voyez ennuyé et, en même temps, très préoccupé de ne point rencontrer ici les gens dont j’avais besoin et dont l’absence contrarie mes projets.

— Tandis qu’on prépare le campement, proposa le capitaine Hardigan, voulez-vous aller un peu plus loin ?…

— Volontiers », répondit M. de Schaller.

Le maréchal des logis-chef fut appelé. Il reçut ordre d’organiser la halte pour la nuit près d’un massif de palmiers à l’orée du canal. L’herbe verdissait à l’abri des arbres. Un petit ruisseau courait à leur pied. Ni l’eau, ni le pâturage ne manquaient, et, quant aux provisions fraîches, elles seraient aisément renouvelées à une oasis des bords de l’Asloudje.

Nicol exécuta immédiatement les ordres de son capitaine, et