Aller au contenu

Page:Verne - L’Invasion de la mer.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
l’invasion de la mer

En se maintenant à l’allure habituelle, — deux étapes par jour, chacune de sept à huit kilomètres, — M. de Schaller comptait atteindre sous peu l’extrémité du second canal. Dès que le détachement serait arrivé au bord du Melrir, la décision serait prise de le contourner soit par la rive du nord, soit par la rive du sud. Peu importait, au surplus, puisque le projet de l’ingénieur comprenait une reconnaissance de tout son périmètre.

La première partie du canal put être franchie dans cette étape. La section partait du Rharsa pour aboutir à la petite dépression connue sous le nom d’El Asloudje entre des dunes hautes de sept à dix mètres.

Mais, avant d’atteindre le Melrir, il y avait à traverser ou à longer une certaine quantité de petits chotts qui s’échelonnaient en tous sens et fournissaient une ligne presque continue de dépressions moins profondes, entre des berges peu élevées, et que l’arrivée des eaux de la Méditerranée devait nécessairement submerger. De là, d’une tranchée à une autre, la nécessité d’un balisage, propre à indiquer leur route dans ces chotts aux bateaux de toutes sortes qui ne tarderaient pas à se montrer sur cette mer nouvelle créée par la science et la volonté des hommes. N’en avait-on pas fait autant, lors du percement du canal de Suez, dans la traversée des lacs amers, où la direction des navires ne serait pas possible sans ces indications précises ?

Là encore, tout était bien avancé, l’action de puissantes machines avait creusé des tranchées profondes, jusqu’au Melrir. Que ne pourrait-on tenter demain, si la nécessité s’en faisait sentir, avec les machines actuelles, dragues gigantesques, perforateurs auxquels rien ne peut résister, transporteurs à déblais roulant sur des voies ferrées improvisées, enfin tout ce matériel formidable dont ne pouvaient se douter le commandant Roudaire