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l’invasion de la mer

se jeter hors de la chambre, et, le chien revenant au trou qu’il venait de franchir, ils le suivirent.

Là était l’orifice d’un étroit boyau, dont il suffirait d’enlever un peu de pierres et de terre pour qu’un homme pût s’y glisser.

Oui… bien inattendue et dont il fallait profiter cette nuit même, avant que Hadjar ne fût de retour à Zenfig.

Et, pourtant, traverser la bourgade puis l’oasis ne serait pas sans offrir de sérieuses difficultés !… Comment les fugitifs se dirigeraient-ils au milieu de cette obscurité profonde ?… Ne risquaient-ils pas d’être rencontrés, même par la troupe de Hadjar ?… Et les cinquante kilomètres qui les séparaient de Goléah, comment les franchiraient-ils, sans vivres, n’ayant pour se nourrir que les fruits ou les racines des oasis ?

Aucun d’eux ne voulut rien voir de ces dangers. Ils n’hésitèrent pas un instant à s’enfuir. Ils suivirent le chien vers ce trou, à travers lequel il disparut le premier :

« Passe, dit l’officier à Pistache.

— Après vous, mon capitaine », répondit le brigadier.

Il y eut certaines précautions à prendre, pour ne point provoquer un éboulement de la muraille. Les prisonniers y parvinrent, et, après une dizaine de minutes, atteignirent le chemin de ronde.

La nuit était très obscure, nuageuse, sans étoiles. Le capitaine Hardigan et ses compagnons n’auraient su en quelle direction aller si le chien n’eût été là pour les guider. Ils n’eurent qu’à se fier à l’intelligent animal. Du reste, il ne se rencontrait personne aux approches du bordj, sur les pentes duquel ils se laissèrent glisser jusqu’à la lisière des premiers arbres.

Il était alors onze heures du soir. Le silence régnait dans la bourgade, et des fenêtres des habitations, véritables embrasures, ne filtrait aucune lueur.

Les fugitifs marchant à pas sourds s’engagèrent à travers les