viande eurent grillé sur les charbons. Puis, lorsqu’elles furent refroidies, Pistache les réunit en six parts égales et chacun prit la sienne, qu’il enveloppa de feuilles fraîches.
Il était sept heures du matin, à en juger par la position du soleil au-dessus de l’horizon, qui se levait au milieu de brumes rougeâtres annonçant une chaude journée. Cette fois, durant leurs étapes, le capitaine et ses compagnons n’auraient plus l’abri des arbres de l’Hinguiz contre les ardeurs des rayons solaires.
À cette regrettable circonstance il s’enjoignait une autre, dont le danger était des plus sérieux. Tant que les fugitifs avaient suivi la lisière ombreuse, le risque d’être aperçus, et, dès lors, d’être poursuivis, était en grande partie diminué. Mais, lorsqu’ils franchiraient à découvert les longues sebkhas du chott, qui sait si leur passage ne serait pas signalé ?… Et, si quelque bande de Touareg croisait leur route, où se réfugier pour éviter leur rencontre ?… Et puis, si, ce jour-là ou le lendemain, Hadjar et sa troupe revenaient vers Zenfig ?…
Qu’on ajoute à ces périls les difficultés de la marche sur ces terrains mouvants du Melrir, dont ni l’ingénieur ni le capitaine ne connaissaient les passes, et l’on se rendra compte des dangers que présentait ce parcours de vingt-cinq kilomètres entre la pointe de l’Hinguiz et le chantier de Goléah !
Le capitaine Hardigan et M. de Schaller n’étaient pas sans y avoir réfléchi, et ils y songeaient encore. Mais ces redoutables éventualités, il fallait à tout prix s’y exposer. En somme, tous étaient énergiques, vigoureux, capables de grands efforts.
« En route !… dit le capitaine.
— Oui… en route… bonne troupe ! » répondit le brigadier Pistache qui, non sans raison, crut devoir modifier ainsi la vieille locution populaire.