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Page:Verne - L’Invasion de la mer.djvu/245

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dénouement.

un fruit, sans une feuille. Puis, le brouillard fut définitivement enlevé par un coup de vent qui le chassa vers l’ouest.

Et alors le Melrir se découvrit sur une vaste étendue.

Sa surface, par suite de l’abaissement du fond de cette hofra, était en partie inondée, et une ceinture liquide, large d’une cinquantaine de mètres, entourait le tell. Au-delà, sur les niveaux plus élevés, reparaissaient les nappes efflorescentes. Puis, dans les bassures, l’eau réverbérait les rayons solaires entre de longues plaines sablonneuses que leur côte maintenait au sec.

Le capitaine Hardigan et l’ingénieur avaient dirigé leurs regards vers tous les points de l’horizon. Puis, M. de Schaller dit :

« Ce n’est pas douteux, il s’est produit quelque phénomène sismique considérable… Les fonds du chott se sont abaissés et les couches liquides du sous-sol l’ont envahi…

— Eh bien, avant que le cheminement soit devenu impraticable partout, répondit le capitaine, il faut partir… et à l’instant ! »

Tous allaient descendre, lorsqu’ils furent cloués à leur place par le spectacle terrifiant qui s’offrit à leurs yeux.

À une demi-lieue vers le nord apparaissait une bande d’animaux qui fuyaient à toute vitesse, venant du nord-est ; une centaine de fauves et de ruminants, lions, gazelles, antilopes, mouflons, buffles, se sauvant vers l’ouest du Melrir. Et il fallait qu’ils fussent réunis dans une commune épouvante qui annihilait la férocité des uns et la timidité des autres, ne songeant, dans cet affolement extraordinaire, qu’à se soustraire au danger que provoquait cette déroute générale des quadrupèdes du Djerid.

« Mais que se passe-t-il donc là-bas ? répétait le brigadier Pistache.

— Oui… Qu’y a-t-il ? » demandait le capitaine Hardigan.

Et l’ingénieur auquel s’adressait cette question la laissait sans réponse.