Page:Verne - L’Invasion de la mer.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

II

hadjar.


Les Touareg, de race berbère, habitaient l’Ixham, pays compris entre le Touat, cette vaste oasis saharienne située à cinq cents kilomètres au sud-est du Maroc, Tombouctou au midi, le Niger à l’ouest et le Fezzan à l’est. Mais, à l’époque où se passe cette histoire, ils avaient dû se déplacer vers les régions plus orientales du Sahara. Au commencement du XXe siècle, leurs nombreuses tribus, les unes presque sédentaires, les autres absolument nomades, se rencontraient alors au milieu de ces plaines, plates et sablonneuses, désignées par le nom d’« outtâ » en langue arabe, au Soudan et jusque dans les contrées où le désert algérien confine au désert tunisien.

Or, depuis un certain nombre d’années, après l’abandon des travaux de la mer intérieure dans ce pays de l’Arad, qui s’étend à l’ouest de Gabès, et dont le capitaine Roudaire avait étudié la création, le résident général et le bey de Tunis avaient amené des Touareg à venir se cantonner dans les oasis autour des chotts. On avait conçu l’espoir que, grâce à leurs qualités guerrières, ils deviendraient peut-être comme les gendarmes du désert. Vain espoir, les Imohagh avaient continué à mériter leur sobriquet injurieux de « Touareg », c’est-à-dire « brigands de nuit », sous lequel ils avaient été craints et redoutés dans tout le Soudan, et, au surplus, si la création de la mer Saharienne venait à être reprise, il n’était pas douteux qu’ils ne se missent à la tête des tribus absolument hostiles à l’inondation des chotts.

D’ailleurs, si, ouvertement du moins, le Targui (singulier