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l’invasion de la mer

étoffes, fabrication des haïks de soie, couvertures et burnous dont la laine est fournie par les nombreux moutons des Hammâmma. On y voit encore les Termil, bassins construits à l’époque romaine, et des sources thermales dont la température va de vingt-neuf à trente-deux degrés centigrades.

Dans cette ville, le capitaine Hardigan obtint des nouvelles plus précises concernant Hadjar : la bande de Touareg avait été signalée aux environs de Ferkane, à cent trente kilomètres dans l’ouest de Gafsa. La distance à parcourir était grande, mais des spahis ne comptent avec la fatigue pas plus qu’avec le danger.

Et, lorsque le détachement apprit ce que ses chefs attendaient de son énergie et de son endurance, il ne demanda qu’à se mettre en route. « D’ailleurs, ainsi que le déclara le marchef Nicol, j’ai consulté le vieux frère qui est prêt à doubler les étapes s’il le faut !… et Coupe-à-cœur, qui ne demande qu’à prendre les devants ! »

Le capitaine, bien réapprovisionné, partit avec ses hommes. Il fallut d’abord, au sud-ouest de la ville, traverser une forêt qui ne compte pas moins de cent mille palmiers et qui en abrite une seconde uniquement composée d’arbres fruitiers.

Une seule bourgade importante se rencontrait sur ce parcours entre Gafsa et la frontière algéro-tunisienne. C’est Chebika où furent confirmées les informations relatives à la présence du chef touareg. Il opérait alors au très grand dommage des caravanes qui fréquentaient ces extrêmes régions de la province de Constantine, et son dossier, si chargé déjà, s’accroissait sans cesse de nouveaux attentats contre les propriétés et les personnes.

À quelques étapes de là, lorsque le commandant eut franchi la frontière, il fit extrême diligence pour atteindre la bourgade de Négrine, sur les rives de l’oued Sokhna.

La veille de son arrivée, les Touareg avaient été signalés à quelques kilomètres plus à l’ouest, précisément entre Négrine et Ferkane, sur les bords de l’oued Djerich qui coule vers les grands chotts de cette contrée.