Page:Verne - L’Invasion de la mer.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
l’invasion de la mer

— Il réussira, n’hésita point à déclarer Harrig, avec notre aide…

— Et comment ?… » demanda Sohar.

Voici les explications qui furent alors données par Harrig.

La cellule dans laquelle Hadjar passait les nuits occupait un angle du fort, dans la partie de la courtine qui s’élevait du côté de la mer, et dont les eaux du golfe baignaient la base. À cette cellule attenait une étroite cour dont l’accès demeurait libre pour le prisonnier, entre de hautes murailles qui n’auraient pu être franchies.

Dans un coin de cette cour s’ouvrait un passage, sorte d’égout qui aboutissait à l’extérieur de la courtine. Une grille métallique fermait cet égout qui débouchait à une dizaine de pieds au-dessus du niveau de la mer.

Or, Hadjar avait constaté que la grille était en mauvais état et que la rouille rongeait ses barres oxydées par l’air salin. Il ne serait pas difficile de la desceller pendant la nuit qui venait, et de ramper jusqu’à l’orifice extérieur.

Il est vrai, comment s’effectuerait alors l’évasion de Hadjar ? En se jetant à la mer lui serait-il possible de gagner la grève la plus proche, après avoir contourné l’angle du bastion ?… Était-il d’âge et de force à se risquer au milieu des courants du golfe qui portaient au large ?…

Le chef touareg n’avait pas encore quarante ans. C’était un homme de haute taille, la peau blanche, bronzée par le soleil de feu des zones africaines, maigre, fort, rompu à tous les exercices corporels, destiné à rester longtemps valide, étant donnée la sobriété qui distingue les indigènes de sa race, auxquels grains, figues, dattes, laitages assurent certes une nourriture qui les fait robustes et endurants.

Ce n’était pas sans raison que Hadjar avait acquis une réelle influence sur ces Touareg nomades du Touat et du Sahara, rejetés maintenant vers les schotts de la basse Tunisie. Son au-