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IV

la mer saharienne.


Après avoir adressé ses sincères compliments à l’assistance qui avait répondu à son appel, après avoir remercié les officiers, les fonctionnaires français et tunisiens qui, avec les notables de Gabès, honoraient l’assemblée de leur présence, M. de Schaller parla comme il suit :


« Il faut en convenir, Messieurs, grâce aux progrès de la science, toute confusion entre l’histoire et la légende tend à devenir de plus en plus impossible. L’une finit par faire justice de l’autre. Celle-ci appartient aux poètes, celle-là appartient aux savants et chacun d’eux possède une clientèle spéciale. Tout en reconnaissant les mérites de la légende, aujourd’hui je suis obligé de la reléguer dans le domaine de l’imagination et d’en revenir aux réalités prouvées par les observations scientifiques. »


La nouvelle salle du Casino de Gabès eût difficilement réuni un public mieux disposé à suivre le conférencier dans ses démonstrations intéressantes. L’auditoire était acquis d’avance au projet dont il allait l’entretenir. Aussi ses paroles furent-elles, dès le début, accueillies par un murmure flatteur. Seuls quelques-uns des indigènes, mêlés à ce public, semblaient garder une réserve prudente. C’est que, en effet, le projet dont M. de Schaller se préparait à faire l’historique n’était point vu d’un bon œil depuis un demi-siècle par les tribus sédentaires ou nomades du Djerid.