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l’invasion de la mer

trouve près du seuil de Gabès. En se dirigeant vers l’ouest, on ne rencontre les premières grandes dépressions que dans la cuvette du chott Rharsa, à deux cent vingt-sept kilomètres de la mer, et sur une longueur de quarante kilomètres. Puis, le sol se relève pendant trente kilomètres, jusqu’au seuil d’Asloudje, pour redescendre ensuite pendant cinquante kilomètres jusqu’au chott Melrir, en grande partie inondable sur une étendue de cinquante-cinq kilomètres. À ce point se croise le degré de longitude 3,40 avec le parallèle, et c’est par quatre cent deux kilomètres qu’il faut chiffrer la distance entre ce point et le golfe de Gabès.

« Tel fut, Messieurs, reprit M. de Schaller, le travail géodésique accompli dans ces régions. Mais si huit mille kilomètres carrés, par suite de leur cote négative, étaient assurément dans les conditions pour recevoir les eaux du golfe, le percement d’un canal de deux cent vingt-sept kilomètres, étant donnée la nature du sol, ne dépasserait-il pas les forces humaines ?… » Après nombre de sondages, le capitaine Roudaire ne le pensa pas. Il ne s’agissait pas, ainsi qu’il a été dit à cette époque dans un remarquable article de M. Maxime Hélène, de creuser un canal à travers un désert sableux comme à Suez, ou dans des montagnes calcaires comme à Panama et à Corinthe. Ici le terrain est loin d’avoir cette solidité. Ce serait dans une croûte salifère que s’effectuerait le déblaiement, et, grâce à un drainage, le sol serait suffisamment asséché pour les besoins de ce travail. Et, même sur le seuil qui sépare Gabès de la première sebkha, soit une étendue de vingt kilomètres, le pic ne devait rencontrer qu’un banc calcaire profond de trente mètres. Tout le reste du percement se ferait en terrain tendre.

Le conférencier résuma et rappela alors avec une grande précision les avantages qui, d’après Roudaire et ses continuateurs, devaient résulter de cette œuvre gigantesque. En premier lieu, le climat de l’Algérie et de la Tunisie serait amélioré d’une façon notable. Sous l’action des vents du sud, les nuages