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de gabès à tozeur.

que le creusement s’était effectué sans offrir de difficultés trop grandes.

Pendant les journées qui suivirent, le détachement put longer les berges du canal sur un sol qui ne présentait pas toute la fermeté désirable.

C’est au milieu de ces dépressions que les sondes s’engloutissent parfois d’elles-mêmes jusqu’à disparaître, et ce qui arrivait à un outil pouvait arriver à un homme. Cette sebkha tunisienne est la plus étendue de toutes. Au-delà de la pointe de Bou-Abdallah, le Fedjedj et le Djerid – qu’il ne faut pas confondre avec la partie du désert désignée sous ce nom – ne forment qu’une seule dépression jusqu’à leur extrémité occidentale. C’est, d’ailleurs, à travers le Fededj, à partir du village de Mtocia, au-dessus de La Hammâ, que le canal avait été établi, et qu’il y eut lieu d’en suivre le tracé, dirigé presque en ligne droite jusqu’au kilomètre 153 à partir duquel il s’infléchissait vers le Sud, parallèlement à la côte, entre Tozeur et Nefta.

Rien de curieux à observer comme ces bassins lacustres, connus sous le nom de sebkha et de chotts.

Et, à propos de ceux géographiquement dénommés Djerid et Fedjedj, qui n’ont point conservé d’eau, même en leur partie centrale, voici ce que M. de Schaller, tout en chevauchant, dit au capitaine Hardigan et au lieutenant Villette, qui les avait rejoints comme cela lui arrivait souvent.

« Nous ne voyons rien de la nappe liquide, par cette raison qu’une croûte saline la recouvre. Mais elle n’est séparée de la surface que par cette croûte, véritable curiosité géologique, et vous remarquerez que le pas de nos chevaux résonne comme s’ils marchaient sur le dos d’une voûte…

— En effet, répondit le lieutenant, et c’est à se demander si le sol ne va pas leur manquer tout à coup…

— Il y a des précautions à prendre, ajouta le capitaine Hardigan, et je ne cesse de le répéter à nos hommes… N’a-t-on pas vu