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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

dière de l’aviso, dont la cheminée vomissait des tourbillons de fumée noire. La mer ne tarderait pas à être étale, et le Santa-Fé lèverait son ancre dès que le jusant se ferait sentir.

À six heures moins le quart, le commandant donna l’ordre de virer au cabestan et de balancer la machine. Le trop-plein de la vapeur fusait par le tuyau d’échappement.

À l’avant, le second officier surveillait la manœuvre ; l’ancre fut bientôt à pic, hissée au bossoir et traversée.

Le Santa-Fé se mit en marche, salué par les adieux des trois gardiens. Et, quoi qu’en pût penser Vasquez, si ses camarades ne virent pas sans quelque émotion s’éloigner l’aviso, les officiers et l’équipage en éprouvaient une profonde à laisser ces trois hommes sur cette île de l’extrême Amérique.

Le Santa-Fé, à vitesse modérée, suivit la côte limitant au nord-ouest la baie d’Elgor. Il n’était pas huit heures, lorsqu’il donna en pleine mer. Le cap San Juan doublé, il fila à toute vapeur, en laissant le détroit dans l’ouest, et, à la nuit close, le feu du Phare du bout du Monde n’apparaissait plus que comme une étoile au bord de l’horizon.