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VI

À LA BAIE D’ELGOR.

L’opération du renflouage avait donc pleinement réussi. Mais tout n’était pas terminé. Il s’en fallait que la goélette eût entière sécurité dans cette anse creusée dans le littoral du cap Saint-Barthélemy. Elle y était trop exposée à la houle du large et aux tempêtes du nord-ouest. À l’époque des fortes marées d’équinoxe, elle n’aurait pas même pu rester vingt-quatre heures à cette relâche.

Kongre ne l’ignorait pas. Aussi, son intention était-elle d’abandonner l’anse, au jusant du lendemain, dont il comptait profiter pour remonter en partie le détroit de Lemaire.

Auparavant, toutefois, il était indispensable de compléter la visite du navire, de vérifier l’état de sa coque à l’intérieur. Bien qu’on eût cette certitude qu’il ne faisait pas d’eau, il se pouvait néanmoins que, sinon son bordage, du moins sa membrure eût souffert de l’échouage, et qu’il fût nécessaire de procéder à des réparations en vue d’une traversée assez longue.

Kongre mit aussitôt ses hommes à la besogne, afin de déplacer le lest qui remplissait la cale jusqu’à la hauteur des varangues de bâbord et de tribord. On ne serait pas, d’ailleurs, obligé de le débarquer, ce qui épargnerait du temps et de la fatigue, le temps surtout, dont il importait de se montrer avare, dans la situation peu sûre où se trouvait la Maule.

La vieille ferraille, qui constituait le lest, fut d’abord reportée