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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

les caps Kempe, Webster, Several et Diegos. Que ce fût par le sud ou par le nord, la distance était à peu près égale d’ailleurs.

Kongre redescendit, regagna la grève, se dirigea vers la caverne, constata qu’aucun objet n’y avait été oublié. Rien ne décèlerait donc la présence d’une troupe d’hommes sur l’extrémité ouest de l’Île des États.

Il était un peu plus de sept heures. Le jusant, qui commençait déjà, favoriserait la sortie de la crique.

L’ancre fut aussitôt ramenée au bossoir, puis on hissa la trinquette et le foc, qui, avec cette brise du nord-est, devaient suffire à pousser la Maule en dehors des bancs.

Kongre tenait la barre, tandis que Carcante veillait à l’avant. Dix minutes, il n’en fallut pas davantage pour se dégager du semis des récifs et la goélette ne tarda pas à ressentir un peu de roulis et de tangage.

Sur l’ordre de Kongre, Carcante fit établir la misaine et la brigantine qui est la grande voile dans le gréement d’une goélette, puis hisser le hunier à bloc. Ces voiles amurées et bordées, la Maule mit le cap au sud-ouest grand largue, afin de doubler l’extrême pointe du cap Saint-Barthélemy.

En une demi-heure, la Maule en eut contourné les roches. Elle lofa alors en grand et prit direction vers l’est, de manière à serrer le vent au plus près. Mais il favorisait sa marche, sous l’abri de la côte méridionale de l’île, que le bâtiment gardait à trois milles au vent.

Entre temps, Kongre et Carcante purent reconnaître que ce léger navire se comportait bien sous toutes les allures. Assurément, pendant la belle saison, on ne courrait aucun danger à s’aventurer sur les mers du Pacifique, après avoir laissé en arrière les dernières îles de l’archipel magellanique.

Peut-être Kongre aurait-il pu arriver à l’entrée de la baie d’Elgor dans la soirée, mais il préférait s’arrêter en un point quelconque du littoral avant que le soleil n’eût disparu derrière