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À LA BAIE D’ELGOR.

serrer les voiles hautes dont il pouvait maintenant se passer. On ne conserva que le hunier, le grand foc et la brigantine. Sous cette voilure, la Maule atteindrait sans peine le mouillage de la crique au fond de la baie d’Elgor, sous le commandement de Kongre, qui, on le répète, connaissait parfaitement la route à suivre et eût pu servir de pilote.

D’ailleurs, vers six heures et demie du soir, un faisceau de rayons lumineux fut projeté sur la mer. Le phare venait d’être allumé, et le premier navire dont il allait éclairer la marche à travers cette baie était une goélette chilienne, tombée entre les mains d’une bande de pirates.

Il était près de sept heures, et le soleil déclinait derrière les hauts pics de l’Île des États, lorsque la Maule laissa sur tribord le cap San Juan. La baie s’ouvrait devant elle. Kongre y donna vent arrière.

Kongre et Carcante, en passant devant les cavernes, purent s’assurer que leurs orifices ne semblaient pas avoir été découverts sous l’entassement des pierres et le rideau des broussailles qui les obstruaient. Rien n’avait donc signalé leur présence sur cette partie de l’île, et ils retrouveraient le produit de leurs rapines dans l’état où ils l’avaient laissé.

« Cela va bien, dit Carcante à Kongre près duquel il se tenait à l’arrière.

— Et cela ira mieux encore tout à l’heure ! » répondit Kongre.

En vingt minutes au plus, la Maule eut gagné la crique où elle devait jeter l’ancre.

C’est à cet instant qu’elle fut « raisonnée » par deux hommes qui venaient de descendre du terre-plein sur la grève.

Felipe et Moriz étaient là. Ils préparaient leur chaloupe pour monter à bord de la goélette. Quant à Vasquez, il se trouvait de service dans la chambre de quart.

Lorsque la goélette fut arrivée au milieu de la crique, sa bri-