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LA CAVERNE.

Et ce qu’il demanderait alors, si l’existence lui était assurée pour quelques semaines, c’est que ces misérables ne pussent quitter l’île.

« Oui ! qu’ils soient encore là, quand le Santa-Fé reviendra, et que le commandant Lafayate en fasse bonne justice ! »

Mais ce vœu se réaliserait-il ? À bien réfléchir, Vasquez se disait que la goélette ne devait être venue en relâche à la baie d’Elgor que pour deux ou trois jours. Le temps d’embarquer cette cargaison enfermée dans la caverne, puis elle abandonnerait l’Île des États pour n’y jamais revenir.

Vasquez allait être bientôt fixé à cet égard.

Après une heure passée à l’intérieur de la caverne, les trois hommes reparurent et se promenèrent sur la grève. De la cavité dans laquelle il se blottissait, Vasquez put encore entendre les divers propos qu’ils échangèrent à haute voix et dont il devait faire presque aussitôt son profit.

« Eh ! ils ne nous ont pas dévalisés pendant leur séjour, ces braves gens !

— Et la Maule, quand elle mettra à la voile, aura son plein chargement.

— Et des provisions suffisantes pour sa traversée, ce qui nous tire d’embarras !

— En effet, ce n’est pas avec celles de la goélette que nous aurions pu nous assurer le boire et le manger jusqu’aux îles du Pacifique !

— Les imbéciles ! En quinze mois, ils n’ont pas su découvrir nos trésors, pas plus qu’ils ne sont venus nous relancer au cap Saint-Barthélemy !

— Un hurrah pour eux ! Ce n’eût pas été la peine d’attirer les bâtiments sur les récifs de l’île pour en perdre tout le bénéfice ! »

En entendant ces paroles, dont les misérables riaient à gorge déployée, Vasquez, la rage au cœur, était tenté de se jeter sur eux, le revolver à la main, et de leur casser la tête à tous