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Page:Verne - L’Invasion de la mer - Le Phare du bout du monde, Hetzel, 1905.djvu/371

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Carcante et lui gagnèrent donc le sommet de la falaise et descendirent le cap jusqu’à son extrémité.

De cette pointe le regard portait d’un côté sur le rivage, en retour, qui se profilait vers le détroit de Lemaire sur une étendue de deux milles environ ; de l’autre, jusqu’à la pointe Several.

« Personne, dit Carcante.

— Non… personne ! » répondit Kongre.

Tous deux revinrent alors vers la chaloupe et, comme le flot commençait, elle prit le fil du courant. Avant trois heures, ils étaient de retour au fond de la baie d’Elgor.

Deux jours après, le 16, Kongre et ses compagnons procédèrent dans la matinée à l’échouage de la Maule. C’était vers onze heures que devait avoir lieu la pleine mer, et toutes les dispositions furent prises en conséquence. Une amarre, portée à terre, permettrait de haler la goélette jusqu’à la grève lorsque la hauteur de l’eau serait suffisante.

En soi, l’opération ne présentait ni difficulté ni risques, et c’était la marée qui se chargeait de toute la besogne.

Dès que la mer fut étale on embraqua l’aussière, et l’on hala la Maule le plus loin possible au-dessus de la grève.

Il n’y avait plus qu’à attendre le jusant. Vers une heure, l’eau commença à découvrir les roches les plus rapprochées de la falaise, et la quille de la Maule rencontra le sable. À trois heures, complètement à sec, elle gîtait sur son flanc de tribord.

On allait donc pouvoir se mettre au travail. Seulement, comme il n’avait pas été possible de conduire la goélette jusqu’au pied de la falaise, ce travail serait forcément interrompu chaque jour pendant quelques heures, puisque le bâtiment flotterait au retour de la marée. Mais, d’autre part, comme, à partir de ce jour, la mer perdrait chaque fois de sa hauteur, le temps de chômage diminuerait graduellement, et, durant une quinzaine, la besogne pourrait être continuée sans interruption.

Le charpentier se mit à l’œuvre. S’il n’y avait pas à compter