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APRÈS LE NAUFRAGE.

il était de garde, Vasquez n’avait cessé d’apercevoir ses feux de position et il avait assisté à toute la manœuvre. À son avis, le capitaine qui la commandait devait bien connaître la route à suivre, car il ne montra pas la moindre hésitation.

La goélette atteignit la crique au pied de l’enceinte du phare, et y laissa tomber son ancre.

C’est alors que Felipe et Moriz, qui avaient quitté le logement, montèrent à bord pour offrir leurs services au capitaine, et, lâchement frappés, périrent sans avoir pu se défendre.

« Les malheureux ! s’écria John Davis.

— Oui !… mes malheureux compagnons ! répéta Vasquez dont tout le chagrin renaissait à ces douloureux souvenirs.

— Et vous, Vasquez ? demanda John Davis.

— Moi, du haut de la galerie, j’avais entendu les cris de mes camarades… Je compris ce qui s’était passé… C’était un navire de pirates, cette goélette… Nous étions trois gardiens !… Ils en avaient assassinés deux, et ne s’inquiétèrent pas du troisième.

— Comment avez-vous pu leur échapper ? demanda encore John Davis.

— Je descendis rapidement l’escalier du phare, répondit Vasquez, je me précipitai dans le logement, j’y pris quelques effets, un peu de vivres, je m’enfuis avant que l’équipage de la goélette eût débarqué, et je vins me réfugier sur cette partie du littoral.

— Les misérables… les misérables ! répétait John Davis. Ils sont donc les maîtres du phare, qu’ils n’allument plus. Ce sont eux qui ont causé le naufrage du Century, la mort de mon capitaine et de tous nos hommes ?

— Oui, ils en sont les maîtres, dit Vasquez, et, en surprenant une conversation de leur chef avec un de ses compagnons, j’ai pu connaître leurs projets. »

John Davis apprit alors comment ces pillards, établis depuis