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Page:Verne - L’Invasion de la mer - Le Phare du bout du monde, Hetzel, 1905.djvu/414

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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

Century était entièrement détruite, et d’innombrables débris couvraient la grève jusqu’à la base de la falaise.

Heureusement, la question de nourriture ne devait pas préoccuper Vasquez et son compagnon. Avec les conserves qui provenaient du Century, ils auraient pu s’alimenter pendant un mois et plus. D’ici là, peut-être dans une douzaine de jours, le Santa-Fé serait arrivé en vue de l’île. Les gros temps auraient pris fin alors, et l’aviso ne craindrait pas de venir reconnaître le cap San Juan.

C’est du navire, si passionnément attendu, que tous deux causaient le plus souvent.

« Que la tempête dure pour empêcher la goélette de sortir, et qu’elle cesse pour permettre au Santa-Fé de venir, voilà ce qu’il faudrait, s’écriait naïvement Vasquez.

— Ah ! répondait John Davis, si nous disposions des vents et de la mer, ce serait chose faite.

— Malheureusement, cela n’appartient qu’à Dieu.

— Il ne voudra pas que ces misérables échappent au châtiment de leurs crimes », affirmait John Davis, s’appropriant les termes mêmes employés par Vasquez quelque temps auparavant.

Tous deux ayant le même sujet de haine et la même soif de vengeance, ils étaient unis dans la même pensée.

Le 21 et le 22, la situation ne se modifia pas, sensiblement du moins. Peut-être le vent indiquait-il une certaine tendance à remonter au nord-est. Mais, après une heure d’hésitation, il retomba, et ramena sur l’île tout le cortège de ces épouvantables rafales.

Il va sans dire que ni Kongre ni aucun des siens n’avaient reparu. Ils étaient occupés, sans doute, à préserver la goélette de toute avarie dans cette crique que les marées grossies par l’ouragan devaient remplir à pleins bords.

Le 23, dans la matinée, les conditions atmosphériques s’améliorèrent un peu. Après quelque indécision, le vent parut se fixer