Page:Verne - L’Invasion de la mer - Le Phare du bout du monde, Hetzel, 1905.djvu/446

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Le temps était beau, le vent, remonté, se maintenait dans la partie du nord-est. La mer ne se ressentait plus de la dernière tempête. Le soleil brillait entre de légers nuages très élevés que n’atteignait pas la brise.

Encore une interminable journée pour Vasquez et John Davis. Pas plus que la veille ils n’eurent d’alerte. La bande n’avait pas quitté la crique. Que l’un des pirates s’en éloignât dans la matinée ou dans l’après-midi paraissait très improbable.

« Cela prouve que ces coquins sont tout à leur besogne, dit Vasquez.

— Oui ! ils se hâtent, répondit John Davis. Bientôt, ces trous de boulets seront bouchés. Rien ne les retiendra plus.

— Et peut-être… ce soir… quoique la marée soit tard, ajouta Vasquez. Il est vrai, cette baie, ils la connaissent ! Ils n’ont pas besoin d’un feu pour l’éclairer. Ils l’ont remontée la nuit dernière… S’ils la descendent la nuit prochaine, leur goélette les emportera… Quel malheur, conclut-il avec désespoir, que vous ne l’ayez pas démâtée !

— Que voulez-vous, Vasquez, répondit Davis, nous avons fait tout ce que nous pouvions !… À Dieu de faire le reste !

— Nous l’aiderons », dit entre ses dents Vasquez, qui parut prendre tout à coup une énergique résolution.

John Davis demeurait pensif, allait et venait sur la grève, les yeux tournés vers le nord. Rien à l’horizon… rien !

Soudain, il s’arrêta. Il revint près de son compagnon, et il lui dit :

« Vasquez… si nous allions voir ce qu’ils font là-bas ?

— Au fond de la baie, Davis ?

— Oui… nous reconnaîtrions si la goélette est en état… si elle s’apprête à partir…

— Et cela nous servira ?…

— À savoir, Vasquez, s’écria John Davis. Je bous d’impatience. Je ne peux plus y tenir… C’est plus fort que moi ! »