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Page:Verne - L’Invasion de la mer - Le Phare du bout du monde, Hetzel, 1905.djvu/472

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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

lemy, à l’extrémité occidentale de l’île. Le Santa-Fé reparti, les gardiens restés seuls au service du phare, la bande Kongre remonta la baie d’Elgor sur une goélette tombée par hasard en sa possession. Quelques minutes après son entrée dans la crique, Moriz et Felipe étaient frappés et tués à son bord. Et, si Vasquez put échapper, c’est qu’il se trouvait à ce moment dans la chambre de quart. Après l’avoir quittée, il s’était réfugié sur le littoral du cap San Juan. Là, il put se nourrir des provisions découvertes dans une caverne où ces pirates emmagasinaient leurs réserves.

Puis Vasquez dit comment, après le naufrage du Century, il fut assez heureux pour sauver le second de ce bâtiment, et comment tous deux vécurent en attendant l’arrivée du Santa-Fé. Leur plus vif espoir fut alors que la goélette, retardée par des réparations importantes, ne pût prendre la mer pour gagner les parages du Pacifique, avant le retour de l’aviso dans les premiers jours de mars.

Mais elle eût pourtant quitté l’île si les deux boulets que John Davis envoya dans sa coque ne l’eussent retenue quelques jours encore.

Vasquez arrêtait là son récit, faisant le silence sur ce qui était plus spécialement à son honneur. John Davis intervint :

« Ce que Vasquez oublie de vous dire, mon commandant, ajouta-t-il, c’est que nos deux boulets se sont trouvés tout à fait insuffisants. Malgré les trous que nous lui avions faits dans la coque, la Maule eût repris la mer ce matin même si, la nuit dernière, Vasquez, au péril de sa vie, ne l’avait rejointe à la nage et n’avait fait éclater une cartouche entre le gouvernail et l’étambot du bâtiment. À vrai dire, il n’obtint pas tout le résultat qu’il espérait. Les avaries furent légères et purent être réparées en douze heures. Mais ce sont ces douze heures-là qui vous ont permis de trouver la goélette dans la baie. C’est à Vasquez seul que cela est dû, comme c’est encore lui qui, ayant reconnu l’a-