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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

facile de se soustraire à toutes poursuites et de s’assurer l’impunité…

On le comprendra, le commandant Lafayate tenait à s’emparer de Kongre.

Il donna des ordres, et le second Riegal, suivi d’une demi-douzaine de matelots, se glissa hors de l’enceinte, afin de gagner le bois de hêtres, d’où, en remontant la barrière rocheuse, il leur serait facile d’atteindre le bandit.

Vasquez guidait cette petite troupe par le plus court.

Ils n’avaient pas fait cent pas au delà du terre-plein, qu’une détonation retentit et qu’un corps, projeté dans le vide, venait s’abîmer dans la mer au milieu d’un rejaillissement d’écume.

Kongre avait tiré un revolver de sa ceinture, il l’avait appuyé à son front…

Le misérable s’était fait justice, et maintenant la marée descendante entraînait son cadavre vers le large.

Tel fut le dénouement de ce drame de l’Île des États.

Il va sans dire que, depuis la nuit du 3 mars, le phare n’avait pas cessé de fonctionner. Les nouveaux gardiens avaient été mis au courant du service par Vasquez.

À présent, il ne restait plus un seul homme de la bande des pirates.

John Davis et Vasquez allaient tous deux embarquer sur l’aviso qui retournait à Buenos-Ayres ; de là, le premier serait rapatrié à Mobile, où il ne tarderait sans doute pas à obtenir un commandement, que lui méritaient son énergie, son courage et sa valeur personnelle.

Quant à Vasquez, il irait dans sa ville natale se reposer de tant d’épreuves si résolument supportées… Mais il y reviendrait seul, ses pauvres camarades n’y rentreraient pas avec lui !

Ce fut dans l’après-midi du 18 mars que le commandant Lafayate, certain désormais de la sécurité des nouveaux gardiens, donna le signal du départ.