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LA CHASSE AU MÉTÉORE

poule montée sur pivot. Presque aussitôt, cette ampoule prit un mouvement de giration, qui, d’abord lent, s’accéléra de seconde en seconde, pour devenir très vite absolument vertigineux.

Zéphyrin Xirdal contempla quelques instants cette ampoule emportée par une valse échevelée, puis son regard, suivant une direction parallèle à l’axe du réflecteur métallique, se perdit dans l’espace.

À première vue, il ne semblait pas que l’action de la machine se révélât par aucun signe matériel. Cependant un observateur attentif aurait pu remarquer un phénomène, qui, pour se manifester avec discrétion, n’en était pas moins assez singulier. Des poussières tenues en suspension dans l’atmosphère, étant entrées en contact avec les bords du réflecteur métallique, semblaient ne pouvoir franchir cette limite et tourbillonnaient avec violence, comme heurtées contre un invisible obstacle. Dans leur ensemble, ces poussières dessinaient un cône tronqué, dont la base s’appliquait sur la circonférence du réflecteur. À deux ou trois mètres de la machine, ce cône, fait de parcelles impalpables et tourbillonnantes, se changeait par degrés en un cylindre de quelques centimètres de diamètre, et ce cylindre de poussière persistait au dehors, à l’air libre, malgré une brise assez fraîche, jusqu’au moment où il disparaissait dans l’éloignement.

« J’ai l’honneur, messieurs, de vous annoncer que tout va bien », formula Zéphyrin Xirdal, en s’asseyant sur son unique siège et en allumant une pipe bourrée avec art.

Une demi-heure plus tard, il arrêtait le fonctionnement de sa machine, qu’il remettait en marche à plusieurs reprises dans cette même journée et dans les journées suivantes, en ayant soin de diriger, lors de chaque expérience, le réflecteur vers un point de l’espace un peu différent. Pendant dix-neuf jours, il procéda de la sorte, avec une absolue précision.

Le vingtième jour, il venait de mettre sa machine en action et d’allumer sa pipe fidèle, quand le démon des inventions s’empara une fois de plus de son cerveau. L’une des conséquences de cette théorie de la destruction perpétuelle de la matière, qu’il avait succinctement exposée à M. Robert Lecœur, s’imposa, éblouissante, à son esprit. D’un seul coup, ainsi que cela lui arrivait d’ordinaire, il venait de concevoir le principe d’une pile électrique capable de se régénérer d’elle-même par des réactions