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LA CHASSE AU MÉTÉORE

« S’ils sont venus pour un procès, il est à désirer que ce procès s’arrange au profit de tous deux.

— Il s’arrangera, ou Mr Proth ne serait pas l’habile homme qu’il est !

— Et si ni l’un ni l’autre ne sont mariés, le mieux serait que cela finît par un mariage ! »

Ainsi allaient les langues, ainsi s’échangeaient les propos.

Mais ni Seth Stanfort ni miss Arcadia Walker ne semblaient se préoccuper de la curiosité plutôt gênante dont ils étaient l’objet.

Seth Stanfort se préparait à descendre de cheval pour frapper à la porte de Mr John Proth, lorsque cette porte s’ouvrit.

Mr John Proth apparut sur le seuil, et la vieille servante Kate, cette fois, se montra derrière lui.

Ils avaient entendu un piétinement de chevaux devant la maison et, celui-là quittant son jardin, celle-ci quittant sa cuisine, voulu savoir ce qui se passait.

Seth Stanfort resta donc en selle, et, s’adressant au magistrat :

« Monsieur le juge John Proth, dit-il, je suis Mr Seth Stanfort, de Boston, Massachusetts.

— Très heureux de faire votre connaissance, Mr Seth Stanfort !

— Et voici miss Arcadia Walker, de Trenton, New-Jersey.

— Très honoré de me trouver en présence de miss Arcadia Walker ! »

Et Mr John Proth, après avoir observé l’étranger, reporta toute son attention sur l’étrangère.

Miss Arcadia Walker étant une charmante personne, on nous saura gré d’en donner un rapide crayon. Son âge, vingt-quatre ans ; ses yeux, d’un bleu pâle ; ses cheveux, d’un châtain foncé ; son teint, d’une fraîcheur que le hâle du grand air altérait à peine ; ses dents, d’une blancheur et d’une régularité parfaites ; sa taille, un peu supérieure à la moyenne ; sa tournure, ravissante ; sa démarche, d’une rare élégance, souple et nerveuse à la fois. Sous l’amazone dont elle était revêtue, elle se prêtait gracieusement aux mouvements de son cheval, qui piaffait à l’exemple de celui de Seth Stanfort. Ses mains finement gantées jouaient avec les rênes, et un connaisseur eût deviné en elle une habile écuyère. Toute sa personne était empreinte d’une extrême distinction, avec un « je ne sais quoi » de particulier à la haute classe de