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LA CHASSE AU MÉTÉORE

Il eût été difficile de rencontrer un magistrat plus accommodant, même en cet original pays d’Amérique.

« Une seule question, reprit Mr John Proth. Toutes les formalités imposées par la loi sont-elles remplies ?

— Elles le sont », répondit Seth Stanfort.

Et il tendit au juge un double permis en bonne et due forme, qui avait été rédigé par les greffes de Boston et de Trenton, après acquittement des droits de licence.

Mr John Proth prit les papiers, mit sur son nez des lunettes à monture d’or, et lut attentivement ces pièces régulièrement légalisées et revêtues du timbre officiel.

« Ces papiers sont en règle, dit-il, et je suis prêt à vous délivrer le certificat de mariage. »

Qu’on ne soit pas étonné si les curieux, dont le nombre s’était accru, se pressaient autour du couple, comme autant de témoins d’une union célébrée dans des conditions qui paraîtraient un peu extraordinaires en tout autre pays. Mais ce n’était ni pour gêner les deux fiancés, ni pour leur déplaire. Mr John Proth remonta alors les premières marches de son perron, et, d’une voix qui fut entendue de tous, il dit :

« Mr Seth Stanfort, vous consentez à prendre pour femme miss Arcadia Walker ?

— Oui.

— Miss Arcadia Walker, vous consentez à prendre pour mari Mr Seth Stanfort ?

— Oui. »

Le magistrat se recueillit pendant quelques secondes, et, sérieux comme un photographe au moment du sacramentel : « ne bougeons plus ! » prononça :

« Au nom de la loi, Mr Seth Stanfort, de Boston, et miss Arcadia Walker, de Trenton, je vous déclare unis par le mariage. »

Les deux époux se rapprochèrent et se prirent la main, comme pour sceller l’acte qu’ils venaient d’accomplir.

Puis chacun d’eux présenta au juge un billet de cinq cents dollars.

« Pour honoraires, dit Mr Seth Stanfort.

— Pour les pauvres », dit Mrs Arcadia Stanfort.

Et tous deux, après s’être inclinés devant le juge, rendirent les