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EN SUIVANT UNE LIANE.

Et puis, lorsque la liane redescendait vers le sol, quelle difficulté pour la reprendre sous les massifs des lycopodes, des heliconias à grandes feuilles, des calliandras à houppes roses, des rhipsales qui l’entouraient comme l’armature d’un fil de bobine électrique, entre les nœuds des grandes ipomées blanches, sous les tiges charnues des vanilles, au milieu de tout ce qui était grenadille, brindille, vigne folle et sarments !

Et quand on avait retrouvé le cipo, quels cris de joie, et comme on reprenait la promenade un instant interrompue !

Depuis une heure déjà, jeunes gens et jeunes filles allaient ainsi, et rien ne faisait prévoir qu’ils fussent près d’atteindre leur fameux but. On secouait vigoureusement la liane, mais elle ne cédait pas, et les oiseaux s’envolaient par centaines, et les singes s’enfuyaient d’un arbre à l’autre, comme pour montrer le chemin.

Un fourré barrait-il la route, le sabre d’abatis faisait une trouée, et toute la bande s’y introduisait. Ou bien, c’était une haute roche, tapissée de verdure, sur laquelle la liane se déroulait comme un serpent. On se hissait alors, et l’on passait la roche.

Une large clairière s’ouvrit bientôt. Là, dans cet air plus libre, qui lui est nécessaire comme la lumière