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Page:Verne - La Jangada, 1881, t1.djvu/143

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D’IQUITOS À PEVAS.

fluviale au monde dont l’inclinaison soit aussi faiblement prononcée.

Il suit de là que la rapidité du courant de l’Amazone, en eau moyenne, ne doit pas être estimée à plus de deux lieues par vingt-quatre heures, et, quelquefois cette estime est moindre encore à l’époque des sécheresses. Cependant, dans la période des crues, on l’a vue se relever jusqu’à trente et quarante kilomètres.

Heureusement, c’était dans ces conditions que la jangada allait naviguer ; mais, lourde à se déplacer elle ne pouvait avoir la vitesse du courant qui se dégageait plus vite qu’elle. Aussi, en tenant compte des retards occasionnés par les coudes du fleuve, les nombreuses îles qui demandaient à être tournées, les hauts-fonds qu’il fallait éviter, les heures de halte qui seraient nécessairement perdues, lorsque la nuit trop sombre ne permettrait pas de se diriger sûrement, ne devait-on pas estimer à plus de vingt-cinq kilomètres par vingt-quatre heures le chemin parcouru.

La surface des eaux du fleuve est loin d’être parfaitement libre, d’ailleurs. Arbres encore verts, débris de végétation, îlots d’herbes, constamment arrachés des rives, forment toute une flottille d’épaves, que le courant entraîne, et qui sont autant d’obstacles à une rapide navigation.