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TORRÈS.

— Volontiers ! répondit Torrès, et vous me permettrez de vous remercier d’avance ! »

Manoel n’avait point pris part à la conversation. Il laissait l’obligeant Benito faire ses offres de service, et il observait attentivement Torrès, dont la figure ne lui revenait guère. Il y avait, en effet, un manque absolu de franchise dans les yeux de cet homme, dont le regard fuyait sans cesse, comme s’il eût craint de se fixer ; mais Manoel garda cette impression pour lui, ne voulant pas nuire à un compatriote qu’il s’agissait d’obliger.

« Messieurs, dit Torrès, si vous le voulez, je suis prêt à vous suivre jusqu’au port.

— Venez ! » répondit Benito.

Un quart d’heure après, Torrès était à bord de la jangada. Benito le présentait à Joam Garral, en lui faisant connaître les circonstances dans lesquelles ils s’étaient déjà vus, et il lui demandait passage pour Torrès jusqu’à Manao.

« Je suis heureux, monsieur, de pouvoir vous rendre ce service, répondit Joam Garral.

— Je vous remercie, dit Torrès, qui, au moment de tendre la main à son hôte, se retint comme malgré lui.

— Nous partons demain matin, dès l’aube, ajouta Joam Garral. Vous pouvez donc vous installer à bord…