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Page:Verne - La Jangada, 1881, t1.djvu/248

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LA JANGADA.

Torrès, après avoir un instant tourné autour de Joam Garral, comme s’il voulait lui parler en particulier, gêné peut-être par l’arrivée du padre Passanha qui venait souhaiter le bonsoir à la famille, était enfin rentré dans sa cabine.

Les Indiens et les noirs, étendus le long du bord, se tenaient à leur poste de manœuvre. Araujo, assis à l’avant, étudiait le courant, dont le fil s’allongeait dans une direction rectiligne.

Manoel et Benito, l’œil ouvert, mais causant et fumant d’un air indifférent, se promenaient sur la partie centrale de la jangada en attendant l’heure du repos.

Tout à coup, Manoel arrêta Benito de la main et lui dit :

« Quelle singulière odeur ? Est-ce que je me trompe ? Ne sens-tu pas ?… On dirait vraiment…

— On dirait une odeur de musc échauffé ! répondit Benito. Il doit y avoir des caïmans endormis sur la grève voisine !

— Eh bien ! la nature a sagement fait en permettant qu’ils se trahissent ainsi !

— Oui, dit Benito, cela est heureux, car ce sont des animaux assez redoutables. »

Le plus souvent, à la tombée du jour, ces sauriens aiment à s’étendre sur les plages, où ils s’installent