Cependant, si Fragoso avait sauvé Minha, c’était certainement à l’intervention de Torrès que Joam Garral devait son salut.
Ce n’était donc pas à la vie du fazender qu’il en voulait, cet aventurier. Devant ce fait évident, il fallait bien l’admettre.
Manoel interpella tout bas Benito.
« C’est vrai ! répondit Benito embarrassé, tu as raison, et, dans ce sens, c’est un cruel souci de moins ! Et cependant, Manoel, mes soupçons subsistent toujours ! On peut être le pire ennemi d’un homme, tout en ne voulant pas sa mort ! »
Cependant Joam Garral s’était approché de Torrès.
« Merci, Torrès, » dit-il en lui tendant la main.
L’aventurier fit quelques pas en arrière sans rien répondre.
« Torrès, reprit Joam Garral, je regrette que vous arriviez au terme de votre voyage, et que nous devions nous séparer dans quelques jours ! Je vous dois…
— Joam Garral, répondit Torrès, vous ne me devez rien ! Votre vie m’était précieuse entre toutes ! Mais, si vous le permettez… j’ai réfléchi… au lieu de m’arrêter à Manao, je descendrai jusqu’à Bélem. — Voulez-vous m’y conduire ? »