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LA JANGADA.

Un rayon de soleil, se glissant entre les branches, vint frapper l’étui, dont le métal poli s’alluma comme un miroir. Le singe, avec cette frivolité particulière à son espèce, fut immédiatement distrait. Ses idées, — si tant est qu’un animal puisse avoir des idées, — prirent aussitôt un autre cours. Il se baissa, ramassa l’étui, recula de quelques pas, et, l’élevant à la hauteur de ses yeux, il le regarda, non sans surprise, en le faisant miroiter. Peut-être fut-il encore plus étonné lorsqu’il entendit résonner les pièces d’or que cet étui contenait. Cette musique l’enchanta. Ce fut comme un hochet aux mains d’un enfant. Puis il le porta à sa bouche, et ses dents grincèrent sur le métal, mais ne cherchèrent point à l’entamer.

Sans doute le guariba crut avoir trouvé là quelque fruit d’une nouvelle espèce, une sorte d’énorme amande toute brillante, avec un noyau qui jouait librement dans sa coque. Mais, s’il comprit bientôt son erreur, il ne pensa pas que ce fût une raison pour jeter cet étui. Au contraire, il le serra plus étroitement dans sa main gauche, et laissa choir son bâton, qui, en tombant, brisa une branche sèche.

À ce bruit, Torrès se réveilla, et, avec la prestesse des gens toujours aux aguets, chez lesquels le