Torrès se recueillit un instant. L’attitude de ce coupable, dont il tenait la vie, était bien faite pour le surprendre. Il s’attendait à quelque débat violent, à des supplications, à des larmes… Il avait devant lui un homme convaincu des plus grands crimes, et cet homme ne bronchait pas. Enfin, se croisant les bras :
« Vous avez une fille, dit-il. Cette fille me plaît, et je veux l’épouser. »
Sans doute, Joam Garral s’attendait à tout de la part d’un tel homme, et cette demande ne lui fit rien perdre de son calme.
« Ainsi, dit-il, l’honorable Torrès veut entrer dans la famille d’un assassin et d’un voleur ?
— Je suis seul juge de ce qu’il me convient de faire, répondit Torrès. Je veux être le gendre de Joam Garral, et je le serai.
— Vous n’ignorez pourtant pas, Torrès, que ma fille va épouser Manoel Valdez ?
— Vous vous dégagerez vis-à-vis de Manoel Valdez.
— Et si ma fille refuse ?
— Vous lui direz tout, et, je la connais, elle consentira, répondit impudemment Torrès.
— Tout ?
— Tout, s’il le faut. Entre ses propres sentiments