Page:Verne - La Jangada, 1881, t1.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

33
LA FAMILLE GARRAL.

chemise, d’un léger pantalon de cotonnade, et se coiffaient d’un chapeau de paille. Tous vivaient assez misérablement dans ce village, d’ailleurs, frayant peu ensemble, et, s’ils se réunissaient parfois, ce n’était qu’aux heures où la cloche de la Mission les appelait à la case délabrée qui servait d’église.

Mais, si l’existence était à l’état presque rudimentaire au village d’Iquitos comme dans la plupart des hameaux du Haut-Amazone, il n’aurait pas fallu faire une lieue, en descendant le fleuve, pour rencontrer sur la même rive un riche établissement où se trouvaient réunis tous les éléments d’une vie confortable.

C’était la ferme de Joam Garral, vers laquelle revenaient les deux jeunes gens, après leur rencontre avec le capitaine des bois.

Là, sur un coude du fleuve, au confluent du rio Nanay, large de cinq cents pieds, s’était fondée, il y a bien des années, cette ferme, cette métairie, ou, pour employer l’expression du pays, cette « fazenda », alors en pleine prospérité. Au nord, le Nanay la bordait de sa rive droite sur un espace d’un petit mille, et c’était sur une longueur égale, à l’est, qu’elle se faisait riveraine du grand fleuve. À l’ouest, de petits cours d’eau, tributaires du Nanay, et quelques lagunes de médiocre étendue la séparaient de