Page:Verne - La Jangada, 1881, t1.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

37
LA FAMILLE GARRAL.

bromélias à fleurs écarlates et de lianes capricieuses.

Au loin, derrière des buissons géants, sous des massifs de plantes arborescentes, se cachait tout l’ensemble des constructions où demeurait le personnel de la fazenda, les communs, les cases des noirs, les carbets des Indiens. De la rive du fleuve, bordée de roseaux et de végétaux aquatiques, on ne voyait donc que la maison forestière.

Une vaste campine, laborieusement défrichée le long des lagunes, offrit d’excellents pâturages. Les bestiaux y abondèrent. Ce fut une nouvelle source de gros bénéfices dans ces riches contrées, où un troupeau double en quatre ans, tout en donnant dix pour cent d’intérêts, rien que par la vente de la chair et des peaux des bêtes abattues pour la consommation des éleveurs. Quelques « silios » ou plantations de manioc et de café furent fondés sur des parties de bois mises en coupe. Des champs de cannes à sucre exigèrent bientôt la construction d’un moulin pour l’écrasement des tiges saccharifères, destinées à la fabrication de la mélasse, du tafia et du rhum. Bref, dix ans après l’arrivée de Joam Garral à la ferme d’Iquitos, la fazenda était devenue l’un des plus riches établissements du Haut-Amazone. Grâce à la bonne direction imprimée par le jeune commis aux travaux