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L’AMAZONE.

Le 31 juillet 1857, après de nombreuses contestations de frontière entre la France et le Brésil sur la limite de Guyane, le cours de l’Amazone, déclaré libre, fut ouvert à tous les pavillons, et, afin de mettre la pratique au niveau de la théorie, le Brésil traita avec les pays limitrophes pour l’exploitation de toutes les voies fluviales dans le bassin de l’Amazone.

Aujourd’hui, des lignes de bateaux à vapeur, confortablement installés, qui correspondent directement avec Liverpool, desservent le fleuve depuis son embouchure jusqu’à Manao ; d’autres remontent jusqu’à Iquitos ; d’autres enfin, par le Tapajoz, le Madeira, le rio Negro, le Purus, pénètrent jusqu’au cœur du Pérou et de la Bolivie.

On s’imagine aisément l’essor que prendra un jour le commerce dans tout cet immense et riche bassin, qui est sans rival au monde.

Mais à cette médaille de l’avenir, il y a un revers. Les progrès ne s’accomplissent pas sans que ce soit au détriment des races indigènes.

Oui, sur le Haut-Amazone, bien des races d’Indiens ont déjà disparu, entre autres les Curicicurus et les Sorimaos. Sur le Putumayo, si l’on rencontre encore quelques Yuris, les Yahuas l’ont abandonné pour se réfugier vers des affluents lointains, et les Maoos