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LE DOCUMENT.

avoir guidé notre main pour le retrouver, il ne se refusera pas à guider notre esprit pour le lire ! »

Joam Dacosta serra la main de Benito et de Manoel ; puis les trois jeunes gens, très émus, se retirèrent pour retourner directement à la jangada, où Yaquita les attendait.

Là, Yaquita fut aussitôt mise au courant des nouveaux incidents qui s’étaient produits depuis la veille, la réapparition du corps de Torrès, la découverte du document et l’étrange forme sous laquelle le vrai coupable de l’attentat, le compagnon de l’aventurier, avait cru devoir l’écrire, — sans doute pour qu’il ne le compromît pas, au cas où il serait tombé entre des mains étrangères.

Naturellement Lina fut également instruite de cette inattendue complication et de la découverte qu’avait faite Fragoso, que Torrès était un ancien capitaine des bois, appartenant à cette milice qui opérait aux environs des bouches de la Madeira.

« Mais dans quelles circonstances l’avez-vous donc rencontré ? demanda la jeune mulâtresse.

— C’était pendant une de mes courses à travers la province des Amazones, répondit Fragoso, lorsque j’allais de village en village pour exercer mon métier.

— Et cette cicatrice ?…

— Voici ce qui s’était passé : Un jour, j’arrivais à