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LA JANGADA

vaille du document, « indéchiffrabilité », si l’on peut s’exprimer ainsi, des lignes qu’il contenait, assurance où l’on était, où l’on voulait être, que cette notice renfermait la preuve matérielle de la non-culpabilité de Joam Dacosta, puisqu’elle émanait du vrai coupable, tout avait contribué à opérer ce changement dans l’opinion publique. Ce que l’on désirait, ce que l’on demandait impatiemment depuis quarante-huit heures, on le craignait maintenant : c’était l’arrivée des instructions qui devaient être expédiées de Rio-de-Janeiro.

Cela ne pouvait tarder, cependant.

En effet, Joam Dacosta avait été arrêté le 24 août et interrogé le lendemain. Le rapport du juge était parti le 26. On était au 28. Dans trois ou quatre jours au plus le ministre aurait pris une décision à l’égard du condamné, et il était trop certain que la « justice suivrait son cours »

Oui ! personne ne doutait qu’il n’en fût ainsi ! Et, cependant, que la certitude de l’innocence de Joam Dacosta ressortît du document, cela ne faisait question pour personne, ni pour sa famille, ni même pour toute la mobile population de Manao, qui suivait avec passion les phases de cette dramatique affaire.

Mais, au dehors, aux yeux d’observateurs désintéressés ou indifférents, qui n’étaient pas sous la pres-