Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

154
LA JANGADA

tion qui pouvait réellement faire craindre pour l’équilibre de ses facultés mentales. Il se démenait, il se débattait, il luttait comme s’il eût tenu un adversaire corps à corps ! Puis tout à coup :

« Au hasard, s’écria-t-il, et que le ciel me seconde, puisque la logique est impuissante ! »

Sa main saisit le cordon d’une, sonnette pendue près de sa table de travail. Le timbre résonna violemment, et le magistrat s’avança jusqu’à la porte qu’il ouvrit :

« Bobo ! » cria-t-il.

Quelques instants se passèrent.

Bobo, un noir affranchi qui était le domestique privilégié du juge Jarriquez, ne paraissait pas. Il était évident que Bobo n’osait pas entrer dans la chambre de son maître.

Nouveau coup de sonnette ! Nouvel appel de Bobo qui, dans son intérêt, croyait devoir faire le sourd en cette occasion !

Enfin, troisième coup de sonnette, qui démonta l’appareil et brisa le cordon. Cette fois, Bobo parut.

« Que me veut mon maître ? demanda Bobo en se tenant prudemment sur le seuil de la porte.

— Avance, sans prononcer un seul mot ! » répondit le magistrat, dont le regard enflammé fit trembler le noir.