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Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/189

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LA JANGADA

mobile. Ses bras reposaient sur une petite table et soutenaient sa tête.

Que se passait-il en lui ? Était-il arrivé à cette conviction que la justice humaine, après avoir failli une première fois, prononcerait enfin son acquittement ?

Oui ! il espérait encore ! Avec le rapport du juge Jarriquez établissant son identité, il savait que ce mémoire justificatif, qu’il avait écrit avec tant de conviction, devait être à Rio-de-Janeiro entre les mains du chef suprême de la justice.

On le sait, ce mémoire, c’était l’histoire de sa vie depuis son entrée dans les bureaux de l’arrayal diamantin jusqu’au moment où la jangada s’était arrêtée aux portes de Manao.

Joam Dacosta repassait alors en son esprit toute son existence. Il revivait dans son passé, depuis l’époque à laquelle, orphelin, il était arrivé à Tijuco. Là, par son zèle, il s’était élevé dans la hiérarchie des bureaux du gouverneur général, où il avait été admis bien jeune encore. L’avenir lui souriait ; il devait arriver à quelque haute position !… Puis, tout à coup, cette catastrophe : le pillage du convoi de diamants, le massacre des soldats de l’escorte, les soupçons se portant sur lui, comme sur le seul employé qui eût pu divulguer le secret du départ, son arres-