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LA JANGADA

que cet Ortega fût l’auteur du crime de Tijuco, de la démarche qu’il venait de faire il résultait du moins ceci : c’est que Torrès avait dit la vérité, lorsqu’il affirmait qu’un de ses camarades de la milice était mort et qu’il l’avait assisté à ses derniers moments.

Quant à cette hypothèse qu’Ortega lui eût remis le document en question, elle devenait maintenant très admissible. Rien de plus probable aussi que ce document eût rapport à l’attentat, dont Ortega était réellement l’auteur, et qu’il renfermât l’aveu de sa culpabilité, accompagné de circonstances qui ne permettraient pas de la mettre en doute.

Ainsi donc, si ce document avait pu être lu, si la clef en avait été trouvée, si le chiffre sur lequel reposait son système avait été connu, nul doute que la vérité se fût enfin fait jour !

Mais ce chiffre, Fragoso ne le savait pas ! Quelques présomptions de plus, la quasi-certitude que l’aventurier n’avait rien inventé, certaines circonstances tendant à prouver que le secret de cette affaire était renfermé dans le document, voilà tout ce que le brave garçon rapportait de sa visite au chef de cette milice à laquelle avait appartenu Torrès.

Et pourtant, si peu que ce fût, il avait hâte de tout raconter au juge Jarriquez. Il savait qu’il n’y avait