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LA JANGADA

l’agrément des passagers, ni pour les besoins du commerce. On allait toujours, et le but approchait rapidement.

À partir d’Alemquer, située sur la rive gauche, un nouvel horizon se dessina aux regards. Au lieu des rideaux de forêts qui l’avaient fermé jusqu’alors, ce furent, au premier plan, des collines, dont l’œil pouvait suivre les molles ondulations, et, en arrière, la cime indécise de véritables montagnes, se dentelant sur le fond lointain du ciel.

Ni Yaquita, ni sa fille, ni Lina, ni la vieille Cybèle n’avaient encore rien vu de pareil.

Mais, dans cette juridiction du Para, Manoel était chez lui. Il pouvait donner un nom à cette double chaîne, qui rétrécissait peu à peu la vallée du grand fleuve.

« À droite, dit-il, c’est la sierra de Paruacarta, qui s’arrondit en demi-cercle vers le sud ! À gauche, c’est la sierra de Curuva, dont nous aurons bientôt dépassé les derniers contreforts !

— Alors on approche ? répétait Fragoso.

— On approche ! » répondait Manoel.

Et les deux fiancés se comprenaient sans doute, car un même petit hochement de tête, on ne peut plus significatif, accompagnait la demande et la réponse.