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LA JANGADA

amenait jusqu’au mouillage de la jangada. La nouvelle de l’arrestation de Joam Dacosta n’avait pas tardé à se répandre ; mais la curiosité de ces Manaens n’alla pas jusqu’à l’indiscrétion, et ils se tinrent sur la réserve.

L’intention de Benito était de descendre à terre, dès le soir même. Manoel l’en dissuada.

« Attends à demain, lui dit-il. La nuit va venir, et il ne faut pas que nous quittions la jangada !

— Soit ! à demain ! » répondit Benito.

En ce moment, Yaquita, suivie de sa fille et du padre Passanha, sortait de l’habitation. Si Minha était encore en larmes, le visage de sa mère était sec, toute sa personne se montrait énergique et résolue. On sentait que la femme était prête à tout, à faire son devoir comme à user de son droit.

Yaquita s’avança lentement vers Manoel :

« Manoel, dit-elle, écoutez ce que j’ai à vous dire, car je vais vous parler comme ma conscience m’ordonne de le faire.

— Je vous écoute ! » répondit Manoel.

Yaquita le regarda bien en face.

« Hier, dit-elle, après l’entretien que vous avez eu avec Joam Dacosta, mon mari, vous êtes venu à moi et vous m’avez appelée : ma mère ! Vous avez pris la main de Minha, et vous lui avez dit : ma