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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

« Mais nous n’avons pas besoin de vos services, Thomas Pearkop ! lui disais-je. Notre capitaine est parfaitement capable de nous conduire ! Il connaît la mer du Nord pour y être venu plus de vingt fois pendant ses trente ans de cabotage, et il ira de feux en feux tout aussi bien que le meilleur pilote de la rade des Dunes !

— Aoh, yes ! répondait le « gentleman », mais les courants, les bancs de sable, les brumes, les brumes surtout, si fréquentes dans cette saison d’été, et qui ne permettent de voir ni les feux ni la côte ! Comment ferez-vous ? Ah ! ajoutait-il avec mélancolie en levant au ciel ses gros yeux clairs, combien de capitaines, et des meilleurs, se sont perdus pour n’avoir pas voulu accepter mes services ! »

Alors arrivait la nomenclature des navires de toutes nations qui s’étaient jetés à la côte et s’étaient même perdus corps et biens pour avoir fait fi des lumières de cet homme indispensable dans tous les parages de la mer du Nord. Puis, c’était une exhibition d’innombrables certificats en danois, en russe, en italien, en allemand, auxquels nous ne comprenions pas un mot, sans compter une attestation en français, signée de M. E. Pérignon, propriétaire du steam-yacht Fauvette, et vice-président du Yacht-Club de France. Sous cette avalanche de bonnes