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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

pour Rendsburg, — point où commence le canal proprement dit.

Mais ici, déception grave ! Une lettre du directeur du canal, en réponse à notre télégramme de Wilhelmshaven, disait que nous ne pouvions passer les écluses. Le yacht était trop long de trois mètres ! Que faire ?

« Eh bien, s’écrie mon frère, il ne sera pas dit que des Bretons ne se seront point entêtés contre un obstacle ! Le Saint-Michel est trop long ?… Coupons le nez du Saint-Michel, c’est-à dire son beaupré, et, s’il le faut, rognons l’écusson de son étrave !

— Soit, répondis-je, mais attendons que le yacht arrive à la première écluse ! »

Dès qu’on sut que nous voulions passer le canal de l’Eider, les discussions commencèrent entre les gens du pays, marchands, ou fournisseurs, que l’arrivée d’un yacht français avait attirés. La majorité prétendait que le passage était impossible. Nous laissons dire et nous partons pour Rendsburg, où nous arrivons vers six heures du soir.

La première partie du voyage se fait en remontant cette charmante rivière de l’Eider, qui est sûrement la plus sinueuse qu’on puisse imaginer. Ses méandres sont tellement capricieux qu’on revient fréquemment sur ses pas, et j’estime que pour se