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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

À cet endroit, le Sund ne mesure pas plus de trois à quatre brasses de profondeur. Les grands navires et les bâtiments de guerre, qui viennent de la mer du Nord dans la Baltique, ou vice versa, ne peuvent le traverser ; ils sont obligés de faire le tour de l’île de Zeeland et de passer par le Grand Belt ou par le Petit Belt.

La mer est ici d’une telle transparence qu’on en distingue facilement le fond. Des champs d’algues marines forment un tapis d’un vert foncé, sur lequel tranche vivement le vert plus clair des pousses nouvelles. Rien n’est plus charmant que de suivre, en se penchant au-dessus des lisses, les variations de la lumière sur cette végétation sous-marine, qui s’éclaire ou s’assombrit suivant la hauteur du fond. Parfois un poisson, effrayé de la brusque apparition de notre yacht, s’élance de sa retraite et illumine de ses reflets argentés les obscures profondeurs, dans lesquelles il va chercher un refuge. Par moments, il semble même y avoir si peu d’eau sous la quille du navire, qu’on pense malgré soi à un échouage possible ; mais ce n’est qu’une illusion produite par la limpidité de la mer.

Cependant, le yacht s’approche rapidement du port ; bientôt il dépasse les îlots fortifiés qui défendent la rade et les batteries rasantes de la cita-