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Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/290

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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

des regards furieux et semblait se préparer à la lutte. Son mari, qui, de l’arrière-garde, ne pouvait se rendre compte de la difficulté, poussait de sourds grognements et paraissait de très méchante humeur. Le mieux était donc de parlementer avec les nouveaux venus et d’essayer de les faire rétrograder.

« Nous ne pouvons pas reculer, madame, nous ne le pouvons pas ! dis-je d’un ton affirmatif.

— Mais, monsieur, répondit-elle dans un français germanisé que je parvins à comprendre, nous avons bien le droit…

— Sans doute… Mais, vous le savez, il y a des occasions où la force prime le droit, et nous sommes « forcés » de descendre ! »

Et, en même temps, je lui montrais la figure de plus en plus décomposée de mon fils.

Cela était tellement significatif, que, sans hésiter, la caravane recula en désordre. Ce fut aussitôt un sauve-qui-peut général. En vingt secondes, la rampe était libre, l’ennemi avait disparu, et nous descendions tranquillement les vingt mètres qui nous séparaient de l’escalier intérieur du clocher de Frelsers-Kirke.