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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

Mais voici que le mousse s’approche de mon frère, et d’un air tout effaré lui dit :

« Monsieur !

— Grand Dieu ! qui y a-t-il ?

— Monsieur, il emporte dans son sac un morceau de savon du bord !

— Ah ! mousse, voilà qui n’est pas délicat, répondit mon frère en plaisantant, et cela m’étonne de la part d’un si honnête homme que ce brave Thomas Pearkop !

— Eh ! mais non ! m’écriai-je ! Il n’y a pas même cela à lui reprocher ! Voici le canot qui revient, et Thomas Pearkop, qui nous rapporte le morceau de savon ! »

En effet, le canot ralliait le bord, et le « gentleman » nous faisait un petit signe de la main.

Arrivé à la coupée, le canot s’arrêta, et, debout à l’arrière de l’embarcation, Thomas Pearkop allait m’adresser la parole, quand je le prévins en disant :

« Eh ! mon ami, ce n’était vraiment pas la peine de revenir pour si peu de chose !

— Si peu de chose, répondit Thomas Pearkop dans son anglais le plus insinuant, mais, monsieur, vous ne m’avez compté la livre qu’à vingt-cinq francs vingt-cinq !